En cette rentrée septembre 2019, la commission communication a souhaité interviewer Yannick Pasquer, Président de la Ligue Bretagne, pour faire le bilan de l’évolution des licenciés et présenter son point de vu sur les perspectives de développement.

Comment se passe cette rentrée au sein de la Ligue ?

Yannick Pasquer : « Au regard des données « licences » analysées en ce début septembre, sur les 18 clubs que compte la Ligue, répartis sur quatre départements, force est de constater que la réalité des uns n’est pas celle des autres ! Certains clubs sont manifestement en souffrance, avec très peu de licenciés. Les problématiques sont souvent liées aux difficultés à enrichir et à renouveler l’équipe dirigeante pour apporter dynamisme et ambition aux projets de l’association, ou encore sur les difficultés à trouver des encadrants qui souhaitent embarquer sur une nouvelle saison. Tandis que d’autres clubs continuent leur bonhomme de chemin en maintenant les effectifs, en conservant l’encadrement grâce entre autres à des dirigeants impliqués et appliqués. Et à la marge, 1 ou 2 clubs sont en pleine croissance.

Je suis de nature optimiste, mais je dois reconnaître que notre Ligue marque le pas sur l’évolution du nombre de clubs et de licenciés par rapport à la forte évolution des 10 dernières années.

Un point qui est par ailleurs des plus positifs, sur les trois dernières années, nous avons musclé les commissions de la Ligue, avec à ce jour pas moins de 40 personnes investies dans les 11 commissions et/ou au sein du codir de la Ligue, signe d’une vraie vitalité et d’une envie de Faire. »

Il y a 750 licenciés sur la Ligue, à date. Est-ce que la barre des 1000 licenciés en 2019 sera dépassée comme l’année dernière ?

Yannick Pasquer : « Oui je le pense. J’ai bon espoir que les licences prises en cette rentrée de septembre par de nouveaux pratiquants viennent combler le gap. Les jeunes et le softball adulte mixte ont été porteurs d’une dynamique de croissance ces dernières années, nous devrions pouvoir compter sur ces deux profils de pratiquants pour s’approcher des 1000 licenciés. Mais rien n’est gagné. »

2010 : 474 licenciés.

2013 : 641 licenciés.

2016 : 924 licenciés.

2018 : 1014 licenciés.

source : extranet.ffbs.fr

L’objectif fixé en 2016 d’atteindre les 1300 licenciés en 2020 est-il toujours atteignable ? 

Yannick Pasquer : « Dans le nouveau contexte que connait la Ligue, je pense notamment à la perte de plusieurs salariés dans les clubs, le CD35 et à la Ligue, cet objectif risque d’être compliqué à atteindre en 2020. Cependant je reste convaincu que ce chiffre peut être atteint dans un avenir proche mais il faut changer de braquet, et sans tarder, en nous donnant les moyens ! »

Que faudrait-il mettre en place selon vous pour y arriver ?

Yannick Pasquer : « J’ai toujours dit que pour qu’un club évolue, il doit s’appuyer sur 3 piliers primordiaux :

1, des dirigeants compétents.

2, un encadrement sportif qualifié

3, des infrastructures adaptées à la pratique du baseball et du softball.

La formation des dirigeants est cruciale, mais il est difficile de demander aux dirigeants de venir à des cessions de formation qui se déroulent bien souvent loin de chez eux, alors qu’ils donnent déjà beaucoup tout le long de l’année. Il faut plutôt les accompagner en assurant une formation continue, et de proximité. Identifier à leurs côtés les difficultés pour les aider à trouver les solutions. Cela ne peut s’opérer que par la présence d’un professionnel qui est missionné pour accompagner les dirigeants à concevoir leur plan de développement, et à la mise en place de celui-ci. Je le sais par expérience, car il y a une dizaine d’années nous avions à peine 10 clubs, aujourd’hui nous en avons 18 ! Pour bon nombre de ces clubs, les professionnels que nous avions au sein de la Ligue et du CD35 ont eu un rôle important dans l’émergence d’une vie associative, ou dans l’accompagnement des acteurs en présence pour la mise en place et le développement de l’association. Aujourd’hui, une page s’est tournée, et nous n’avons plus les ressources professionnelles que nous avions auparavant.

Concernant l’encadrement sportif maintenant. Le renouveau fédéral sur les questions de formation est une bonne chose en soit, mais la FFBS a mis en place une formation DEJEPS qui est de mon point de vu l’alpha et l’oméga. L’alpha parce que c’est le renouveau d’une dynamique de formation professionnalisante qui s’était éteinte avec la disparition des BEES. Prévue en alternance, je pense que cette formation est de qualité, mais elle n’en reste pas moins onéreuse, bien que des solutions de financements par des aides publiques sont envisageables selon les cas. L’oméga parce que je crains que la dynamique s’essouffle, par manque de candidats prêts à s’engager dans un tel cursus de formation. La session 2019/2020 était d’ailleurs fortement menacée faute de candidats suffisamment nombreux. Elle commence finalement avec un effectif très mince. J’espère sincèrement que l’avenir soit plus favorable pour le DEJEPS, mais j’y vois un signal inquiétant pour la suite. Autre point à interroger, celui du projet professionnel des candidats. Une bonne partie des participants changent d’orientation professionnelle dès la sortie de la formation! Pour quelles raisons ? Le comité 35 ne parvient pas à recruter alors que 13 personnes sont passés en formation, certains sont en poste mais d’autres non ou ont changé de voies.

En tant que Président de Ligue, je milite depuis 10 ans auprès des instances fédérales, pour la mise en place d’un CQP (Certificat de Qualification Professionnelle), il permettrait de certifier des compétences acquises par ladite formation ou par l’expérience (VAE). Les CQP peuvent constituer une réponse effective aux tensions qui existent au sein de notre fédération entre le besoin de professionnalisation et le faible nombre de diplômés disponibles sur le marché de l’emploi. Avec un volume de formation beaucoup plus léger, le CQP pourrait être un diplôme « d’accès » au champ professionnel de nos disciplines, en capacité d’initier des parcours professionnels pouvant à terme viser des qualifications supérieures. Il pourrait être également une alternative pour des profils en reconversion professionnelle. Y aurait-il plus de candidats pour une formation CQP que pour le DEJEPS ? Difficile d’être affirmatif, mais je pense qu’il y a là une piste pertinente, un pari à faire, qui devrait de mon point de vu être une priorité.

En termes d’aménagement des aires de jeu adaptées à la pratique de nos sports, nous avons fait de grandes avancées avec un terrain de Baseball pour chaque club en Ille-et-Vilaine, ou bien en construction, ou en réflexion fort avancée. Pour le reste des clubs Bretons, des discutions sont en cours avec les élus locaux, qui sont ouverts à ce type de projet sur leur commune. Posséder un terrain de baseball est un sérieux atout pour le développement d’un club. Le pratiquant a toutes les chances de s’épanouir, de progresser, de s’identifier à son club et à son sport. C’est primordial pour attirer et fidéliser l’adhérent. Notre président de fédération l’a bien compris, en aidant Emmanuel PHILIPPE à se déplacer en région. Son expérience sur les projets « terrains » contribue fortement à la réussite des dossiers. »

Comment voyez-vous l’avenir de nos sports à moyen terme ?

Yannick Pasquer : « Je constate que nos sports (baseball & Softball) plaisent énormément auprès du milieu scolaire, nous avons un véritable atout car nous séduisons aussi bien les filles que les garçons. Et au vu du nombre de pratiquantes, nous avons une grande marge de progression.

Depuis, des années, nous avons obtenu auprès de notre ministère des sports, des fonds fléchés pour le Haut-Niveau. Mais force est de constater que la France est encore loin de peser sur l’échiquier international, les derniers résultats de l’équipe de France masculine de Baseball l’illustrent bien…. C’est un constat à ne pas négliger mais à ne pas dramatiser non plus. Il n’y a pas de fatalité mais il tient de se poser les bonnes questions sur ce qui peut mener notre fédération vers des résultats plus brillants. Penser court terme en multipliant les équipes nationales et leur participation à des compétitions ? Je ne suis pas convaincu ! Ou penser long terme en faisant le pari de la structuration et du développement qui mèneront vers plus de clubs, plus de licenciés, plus de facilités pour la mise en place de toute forme de jeu dans la proximité. Nous n’avons malheureusement pas le luxe de pouvoir mener le combat sur les deux fronts, aussi faut-il faire un choix ! Pour la nouvelle Agence Nationale du Sport (ANS), nos sports importent peu en termes de médailles, il est temps d’argumenter la nécessité de rééquilibrer le fléchage financier entre haut niveau et développement en concevant ensemble un vrai plan de développement, qui s’appuie sur les clubs, les Comités départementaux et Ligues qui connaissent bien leur environnement systémique.

Il y a urgence, temps que nous avons encore quelques professionnels actifs, et dirigeants compétents pour déployer ce plan d’action. D’ailleurs les Elus Bretons ont remis à la FFBS en juin dernier le fruit de leurs réflexions à ce propos. Nous verrons ce qui sera repris par nos élus fédéraux. Dans tous les cas, l’arrivée de l’Agence Nationale du Sport est l’occasion unique de se poser les bonnes questions afin de remettre « l’église au centre du village » ! Une réflexion de fond doit être menée sur nos offres de pratique et les modèles compétitifs et de loisir qui constitueront cette offre. Cette réflexion ne peut se faire sans questionner en premier lieu les besoins et envies des pratiquants, ainsi que l’évolution des rythmes de vies et modes de consommation des activités sportives et de loisir. »


Fermer le menu